Ce qui est précieux. Accès à l’eau, changement climatique, authenticité et valeurs essentielles : rencontre avec un représentant Maasai (// Breizh Solidarité Maasai).

1 an et 9 mois.

Depuis que les Maasai attendent la moindre goutte de pluie.

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Mais c’est sous des trombes d’eau que Kenny Matampash est arrivé à la librairie Ô jardin, pour représenter son peuple et les projets que son ONG porte.

Fichue fortune.

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Cette rencontre était co-organisée par Breizh Solidarité Maasai, dans la librairie – épicerie paysanne de Plomelin.

BSM a vu le jour en 2010, à la suite d’une lecture enrichissante, puis d’une rencontre impromptue, mue par une solidarité spontanée.

Heureuse fortune.

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L’association oeuvre à l’accès à l’eau, et (donc) à la formation, à l’émancipation et à l’autonomie.

La colonne vertébrale de cette association déclarée d’intérêt général, étant que les projets viennent des autochtones, que les bénévoles assurent leur suivi, et surtout  forment les locaux pour leur assurer une autonomie durable.

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Si nous avions le moindre doute sur les répercussions concrètes du changement climatique et de l’inanité de la corruption des décideurs, Kenny a mis les choses au clair.

Quand l’expression « période de vaches maigres » se révèle.

La sécheresse critique que subit le Maasailand décime les troupeaux : Kenny a perdu plus de la moitié de ses vaches, qui s’écroulent, décharnées et hagardes.

Or les Maasai sont par essence des communautés pastorales, vivant de l’élevage de bétail et de leur commerce à Nairobi.
Les vaches sont sacrées et assurent par exemple la survie infantile car elles « filtrent » l’eau, et délivrent un lait non souillé  aux enfants.

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Car oui, la situation est critique tout autant en termes de rareté de l’eau que de sa qualité.

Il existe diverses manières de s’approvisionner en eau : les rares sources des collines, les puits inexploitables tant les nappes phréatiques sont épuisées, les potentiels barrages de sable; ou les forages. Auxquels contribuent les bénévoles et ingénieurs de Breizh Solidarité Maasai.

Mais l’eau forée, en plus de ses coûts, est trop souvent souillée, stagnante, impropre à la consommation. Et donc source de la plupart des  infections et maladies des autochtones.

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Or, du fait du règne universel de la corruption, le Kenya est privé de Président; ainsi l’État d’urgence peut être déclaré.

Les femmes (qui s’occupent de la grande majorité des taches domestiques et d’intendance) doivent donc abandonner leurs créations de bijoux pour marcher des heures à chercher puis porter l’eau.

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« Stop water while using me »?

Et pendant qu’on demande aux Occidentaux de ne pas laisser couler l’eau inutilement, les Maasai doivent, au mieux, se satisfaire de 20L d’eau par jour, et par famille.

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L’essentiel.
Mais toujours, Kenny reste souriant et plein de gratitude; à l’image de son peuple authentiquement heureux.
Pour qui le bonheur n’est pas de posséder, mais de partager. Pas le matérialisme mais la famille, les proches, les cérémonies rituelles.

Les valeurs essentielles restant le respect de la nature, de l’autre; de l’eau, de la Terre et du cosmos.

Les Maasai vivent en coexistence avec la nature, ne tuent pas les animaux sauvages et utilisent les terres sans aucun produit de synthèse.

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Mais l’on ne saurait se satisfaire de ce bonheur authentique.

Car la disette menace, la Terre crie, la sécheresse ravage.
Les populations dépendent des éléments, or l’homme les a épuisés.

Les conglomérats agro-industriels se donnent le mot et détiennent par exemple 30% des terres autour de Nairobi.

En 3 petites décennies, leurs engrais chimiques ont dégradé les terres arables, surexploité les ressources, épuisé les sols.
Puis ils laissent les terres vidées, et s’en vont dominer d’autres contrées.

Au scandale environnemental, s’ajoute la détresse des locaux : quand les 400 forages des fermes épuisent les nappes phréatiques pour produire leurs légumes voués a l’export, il reste encore moins d’eau et de territoire exploitable pour les Maasai.

Dont, cercle vicieux, les enfants démunis s’en vont à la ville travailler pour leurs propres exploiteurs.

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Les enfants de Kenny ont, eux, eu la chance de recevoir une éducation, tout comme sa femme et lui-même.

Ainsi, il chapeaute divers projets locaux, représente Sin peuple à l’international; et dirige une ONG.
Qui s’attelle à des problématiques multiples et met en place divers programmes:

– WASH : programme indispensable autour de l’eau, mais aussi des problématiques sanitaires et d’hygiène (séparation des points d’eau des Hommes et des animaux; accès  à l’eau facilité et préservé pour les de)

– l’exigence d’une gouvernance démocratique autour des notions d’intégrité, de normes et de qualité (sujet sensible vous dites?..)

– un programme autour du bétail : la pluviosité erratique affecte considérablement la production laitière des vaches.
Pour subsister, la communauté pastorale s’est donc intéressée à l’amélioration génétique des troupeaux, en croisant ses zébus avec une vache plus robuste, amenée du Pakistan.

– la diversification de l’économie et des activités des Maasai, pour une moindre dépendance

– les notions commerciales pour mieux vendre les productions (des coopératives artisanales; ou animales).

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Cette rencontre unique m’a bien sûr stimulée et confortée dans mes actions quotidiennes pour l’écologie et la bienveillance envers ce(ux) qui nous entoure(nt). Mais elle nous a surtout, avec une bonne claque d’humanité et d’injustice, permis de prendre du recul et mettre en perspective nos préoccupations de privilégiés, souvent secondaires. La situation des Maasai (leurs problèmes comme leur philosophie de vie) m’a fait profondément réfléchir sur ce que je considère comme authentique et essentiel.

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Après la boulangère bio devenue libraire écolo  : la librairie éthique à la place de l’ancienne boulangerie!

La conférence avait donc lieu à Plomelin, dans une épicerie – salon de thé, qui propose des produits bio, quelques livres et des produits de soin. 

La chaleureuse Angélique semble avoir une politique d’animation vraiment dynamique!

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En écoutant Kenny nous décrire le délice qu’est le miel d’Aloe Vera, nous avons pu profiter d’un généreux buffet.

Et Angélique m’a très gentiment concocté un doggy bag avec son gâteau à l’ananas végétalien, parce-que que je déteste le gaspillage, et parce-qu’il était TROP bon !!

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J’espère que votre lecture restera agréable et fluide, malgré le fait que j’ai écrit cet article dans un élan nécessaire, alors que je n’avais pas mon ordinateur ou les outils habituels.

Problèmes secondaires, n’est-ce-pas? 😊

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BSM, une association qui tient à aller aider et former les autochtones « sur le terrain », pour une autonomie durable et un partage équitable des savoirs.


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