« Bien dans mon corps, ma tête et mon assiette » : entretien avec Alice Greetham. Alimentation pour une santé humaine et planétaire : entre sécurité et liberté, ouverture bonjour, cheminer toujours…

Aujourd’hui, on se retrouve pour un nouvel échange avec Alice Greetham, du blog Au Vert avec Lili.
Qui est Alice?
C’est volontairement que je ne le préciserai pas, car si j’ai souhaité échanger avec elle, c’est pour évoquer les étiquettes, les cases dans lesquelles on se range, les mouvements auxquels on se conforme pour le meilleur et pour le pire.
Et parce-qu’Alice est en cheminement perpétuel.

Petit indice dans le premier entretien qu’elle m’avait accordé et dans cet épisode (lequel choisir?!) de son podcast Vert ma vie.

Mettez vous à l’aise et savourez cet échange riche, ouvert et empreint d’une réflexion essentielle.

« Alice Greetham
Coach bien-être et auteure » (je vous donne de gros indices, là)

Bonjour Alice!

Tu as été une référence dans ma transition alimentaire, car je t’ai connue blogueuse de cuisine végétale 
puis autrice de livres « sans » (gluten, sucres raffinés, produits animaux...mais pas sans plaisir!),
en te démarquant par ta connaissance des troubles digestifs et alimentaires…
et toujours en cheminement. 
Aujourd’hui te voilà reconvertie (je n’en dis pas plus!) : pourrais-tu nous expliquer ton parcours
et ce que tu recherchais hier et aujourd’hui, dans tes différentes approches de l’alimentation :

Peu après mes 17 ans, j’ai entamé mon premier « vrai » régime. Si depuis mes 15 ans, je consommais déjà des produits allégés, cette fois, je comptais bien perdre du poids. C’est que je souffrais intérieurement de beaucoup de changements qui s’opéraient dans ma vie et j’ai utilisé la restriction alimentaire pour faire face. Flirtant avec l’anorexie, la boulimie vomitive et l’hyperphagie pendant quelques années, je suis parvenue à me libérer peu à peu des troubles du comportement alimentaire, notamment grâce à la pleine conscience.

En 2011, j’ai pris connaissance des ravages de l’élevage intensif et je suis devenue vegan en quelques semaines. Pour moi, la souffrance animale était intolérable (et elle l’est encore aujourd’hui), et je ne voulais plus participer de près ou de loin à l’entretenir. Aussi, j’ai changé mon alimentation du jour au lendemain et j’ai commencé à rejoindre les milieux militants.

J’ai créé mon blog de recettes en 2012 et comme il suscitait l’enthousiasme, j’ai souhaité poursuivre mon exploration des alternatives « sans ».

Je suis tombée amoureuse de la cuisine, moi qui avant n’avais que peu d’intérêt pour ça. J’ai écrit des livres de recettes, donné des cours, des démos, des conférences… En écrivant ça, je souris parce qu’aujourd’hui, la cuisine n’est plus la pièce de ma maison dans laquelle je passe le plus de temps contrairement à avant où j’y restais des journées entières, parfois.

A la base, ma démarche était éthique et non écologique.
Mais, les commentaires sur mon blog allant dans ce sens, j’ai cherché à « bien faire » et j’ai petit à petit supprimé les produits emballés, transformés et provenant d’origines lointaines (pour ne conserver que quelques fruits exotiques).

Souffrant de troubles digestifs qui se sont rapidement installés pour ne plus me quitter jusqu’à récemment, j’ai supprimé le gluten puis les FODMAPs, le sucre et ses dérivés. J’ai étudié la naturopathie pendant un an et ça a terminé de m’enfoncer (sa philosophie alimentaire, quand on est obsédé·e par la nourriture et la santé, peut être néfaste pour qui cherche à respecter tous les principes, quels qu’ils soient, à la lettre).

Je crois qu’à ce stade de ma vie, je ne mangeais plus grand-chose. En quantité, c’était OK, je n’étais pas en restriction de ce côté-là. Mais en termes de variété et de plaisir, j’étais loin du compte.
Aussi, mes troubles alimentaires sont revenus, sous la forme de l’orthorexie (soit l’obsession de manger sainement).

Heureusement, peu après, j’ai découvert le coaching et j’ai pu alors comprendre le système dans lequel j’étais tombée en prenant conscience de mes nombreuses pensées qui généraient de la peur (de manger, de « mal » manger, de ne pas digérer, de ne pas être une « bonne » personne si j’avalais ceci ou cela, etc.).
Je me servais de la nourriture pour contrôler mon corps, et, même si je ne m’en étais pas vraiment rendue compte, je flippais à l’idée de prendre du poids. 

Bref, j’ai reconnu que je n’étais pas bien, tant émotionnellement que physiquement.

Et ç’a été le point de départ d’un certain renouveau.

Je me suis à nouveau plongée dans l’alimentation intuitive, découverte quand j’étais plus jeune, et cette fois, je m’en suis servie POUR moi (et non pour chercher à maîtriser quoi que soit, ou à prouver quoi que ce soit au monde).
Le plus dur, ç’a été d’assumer face aux personnes qui me suivaient sur les réseaux sociaux.
Car je n’étais plus végane. Je n’étais plus « sans gluten » ni #healthy.
J’avais dû laisser tomber tous mes schémas alimentaires pour pouvoir à nouveau retrouver ma santé mentale et physique (je n’avais plus mes règles, je perdais mes cheveux, j’avais tout le temps froid et mes douleurs digestives étaient en réalité, en majeure partie, liées à un déficit énergétique et à certaines carences).
Non pas que consommer « sans » n’est pas bénéfique. Mais pour qui souffre de troubles alimentaires, trop de privations (si elles sont considérées comme telles par le·la mangeur·euse) peut être délétère au bout d’un moment. 

J’ai tenté une autre approche, donc (que je résume par « manger de tout ou presque« ), après avoir enfin écouté mon intuition plutôt que ma peur.

Vert ma Vie épisode n°65 : Ce n’est pas ce que tu manges mais comment tu le manges (1/2)

Et ça a fonctionné.
Vraiment.

Je n’étais plus la même intérieurement. Mon corps a lui aussi commencé à changer graduellement, pour le mieux. Je ne m’étais pas sentie aussi bien en presque 20 ans. Je savais que je ne retournerais plus en arrière.
Aussi, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai exposé mon choix en public.

(Petite note: je suis toujours touchée par la souffrance animale ainsi que le réchauffement climatique et je crois aujourd’hui, contrairement à ce que je pensais dans le passé, et à ce que d’autres croient, que l’on peut aimer les animaux et la planète et manger des quiches surgelées de temps en temps. Je suis aussi consciente que certaines personnes ne seront pas d’accord, et c’est OK.)

-Souhaites-tu définir le rapport que tu as eu et as actuellement à l’alimentation? 

Conflictuel, pendant plus de quinze ans. 

Apaisé, désormais.

Vert ma Vie épisode n°12 : Pourquoi je ne vous dirais pas quoi manger

🍀

-Tu sembles avoir toujours cheminé en quête d’un rapport sain (j’utilise ce mot parce-que je sais que tu ne l’aimes pas et tu vas nous dire pourquoi ) à l’alimentation -comme porte sur soi et sur le monde -et voulu le rendre public pour aider les autres. 
Quel regard portes-tu sur ce que tu as pu rendre public (conseils, recettes, évictions) et qu’est-ce qui selon toi a été le plus aidant pour toi et tes lecteur.ice.s dans ce que tu as partagé?

Effectivement, je n’aime pas employer le terme « sain ».
Je trouve qu’on l’emploie trop, et d’une manière bien trop restrictive.
Par ailleurs, qui dit « sain », dit « malsain ». Manger du kale, sain ou pas sain ?
Si l’action est dictée par la contrainte, l’obligation, la déconnexion de soi… ce « superaliment » est-il vraiment si « sain » que ça ?


Selon l’OMS, la définition de la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

Bien souvent, notamment quand il s’agit de nourriture, on pense au physique. Qu’en est-il du mental et du social ? On les met bien souvent de côté, notamment quand on refuse une soirée au restaurant par crainte de consommer quelque chose qui sort de notre cadre.

Lorsque je focalisais sur la qualité des aliments que j’achetais et sur les nutriments que j’absorbais, lorsque je buvais des jus verts et que je croquais dans des salades de quinoa (qui n’ont pas ma préférence), tandis que ma famille se partageait un plat de pâtes, par exemple, j’étais certes en adéquation avec certaines de mes valeurs, mais je claquais la porte au nez à bien d’autres d’entre elles.

Aujourd’hui, j’arrive à composer avec tout ça. Je me régale de légumes vapeur ET de barquettes de frites. Je peux choisir un dessert dans une pâtisserie ET boire un smoothie.
Je peux ne pas cuisiner du tout (en délégant, en réchauffant ou en emportant) ET passer une heure à faire mijoter un plat (surtout si je cuisine en binôme avec mon fils).

Si je suis fière de la majorité des recettes que j’ai élaborées (oui tu peux😉), j’avoue que je culpabilise encore d’avoir véhiculé de temps à autre des messages vantant les mérites d’une préparation parce qu’elle était plus « saine » qu’une autre.

Vert ma Vie épisode 64, «je vous demande pardon»,

Par ailleurs, je m’intéresse beaucoup aux sujets de féminisme intersectionnel (qui va au-delà de l’homme et de la femme et aborde toutes les discriminations dont sont victimes les minorités dans notre société) et je remarque à quel point j’ai secoué mes privilèges sous le nez de beaucoup de personnes.

Je chemine encore. C’est sans fin.
Et aujourd’hui, je veux être davantage inclusive dans mes rapports aux autres et aussi à la nourriture.

Et pour moi, ça passe par un questionnement profond de ses motivations, de ses valeurs, de qui on veut être dans ce monde et pourquoi.

Parce qu’on n’est pas ce qu’on mange.
On est bien plus que ça. On est un être en relation avec les autres. La nourriture n’est pas un médicament, pas plus qu’un corps fin et sculpté est gage de bonheur.

Comprendre profondément tout ceci m’a permis de prendre davantage de recul sur mon assiette pour y incorporer d’autres ingrédients, comme la compassion, la gratitude, la curiosité, l’ouverture.

bah alors Jane? comme ça on entretient le injonctions? (ce livre n’est pas un livre de diététique ou de diktats alimentaires!)

-Donc pour un rapport apaisé et durable à l’alimentation, on lâche tout ? L’écologie, le bien-être animal, l’équilibre alimentaire, les aliments bruts et bio plutôt que transformés? (je pose volontairement une question binaire😉 )

Oui et non.
En vrai, on lâche les injonctions pour se reconnecter à soi et à ses envies. Parce que quand on le fait, on parvient à trouver un équilibre, SON équilibre qui, bien souvent, est en lien avec les autres et la planète.

Et ça peut prendre du temps.
Certaines personnes ont besoin de passer par des phrases de « merde à tout », avec consommation de produits ultra-transformés, par exemple.
Puis, petit à petit, quand elles ont compris qu’on ne leur retirera plus ces biscuits industriels qu’elles aiment tant, elles retrouvent le plaisir de papoter avec le maraîcher et de cuisiner des plats veggie.

Pour beaucoup, ce ne sera pas du exclusif, du 100%. Mais ce sera sincère, entier, bénéfique. Pour ne pas dire « sain »…😉
N’en déplaise à nos cerveaux portés sur le « tout ou rien », le « perfectionnisme », les étiquettes.

-Cette question volontairement tout noir/tout blanc
m’amène à celle des ét(h)iquettes qu’on se met pour répondre au besoin de visibilité,
d’appartenance, de reconnaissance, ou même de sens.

Je me retrouve beaucoup quand tu dis que la découverte de la cuisine végétale a été une porte ouverte sur de nouveaux aliments, saveurs, recettes, façons de voir le monde, comportements plus respectueux des Humain.e.s et de la Planète…

mais aussi un questionnement sur une nouvelle source d’éviction, de contrôle, de volonté de se conformer à une pureté éthique et alimentaire, de rentrer dans un hashtag…

qui peuvent entrainer une perte de contact avec ses vraies valeurs.

Vouloir manger « sain et durable » à l’heure des hashtags,
correspond-il selon toi à des valeurs qui nous appartiennent
ou alimente-t-il des injonctions extérieures?
La quête de sens nous ferait-elle perdre nos repères?

J’avais entendu il y a de nombreuses années maintenant que le véganisme était une réponse extrême à un fonctionnement – un système de consommation – devenu extrême lui aussi.
Et j’y crois.

Je crois qu’effectivement, à l’heure du numérique, du tout-est-possible, de la productivité +++, à cette époque de perte de lien social et de sens pour beaucoup d’entre nous et dans de nombreux domaines, vouloir se raccrocher à des groupes, à des mouvements, à des courants est quelque chose de logique. Utile pour certain·e·s, peut-être pas tant pour d’autres.

Par ailleurs, on nous vend qu’on devrait être heureux·ses tout le temps, en « bonne » santé tout le temps, au top de son apparence et de son humeur H24, on nous explique qu’on devrait conformer à telle ou telle image… et comme nous sommes des êtres humains, et qui plus est uniques, nous nous disons que si on n’est pas ainsi alors c’est que quelque chose ne va pas chez nous.
Et donc, si nous sommes le « vilain petit canard », nous devons chercher à nous réparer.

Et c’est ainsi que nous nous lançons en quête d’UNE solution, d’UNE vérité, d’UNE méthode… qui va nous délivrer de nous-même. Or, rien ne peut résoudre ce qui n’était pas cassé au départ…

« Si la faim n’est pas le problème, manger n’est pas la solution » avez-vous peut-être lu comme moi sur la toile. Plutôt que d’interpréter ces mots d’une manière restrictive (car oui, je peux – j’ai le droit – de manger quand je n’ai pas faim, ce n’est pas « mal », la nourriture peut aussi être émotionnelle, n’en déplaise à certains gourous de la minceur et du bien-être…), je préfère choisir de les comprendre comme une invitation à explorer d’autres horizons, d’autres actions, d’autres pensées, d’autres émotions aussi.

Bien souvent, quand on a cherché la justesse/la vérité/la voie dans ses menus, il peut être intéressant de s’autoriser à penser qu’il existe autant de manières de faire, de vivre, de respirer, de s’habiller, de savourer, de s’alimenter, de ressentir, de vibrer, de converser… que d’êtres humains.
Et cette diversité se trouve également à l’état naturel dans les silhouettes, les formes, les couleurs, les textures, les odeurs, les systèmes digestifs, les « fragilités » génétiques, et j’en passe.
Nous ne sommes pas supposé·e·s nous ressembler.

La vie n’est pas non plus supposée être un long fleuve tranquille. Pour moi, véritablement comprendre ça, sur un plan intellectuel ET émotionnel, m’a permis de naviguer mon alimentation et ma vie d’une toute autre façon.

-Dans la recherche du « bien manger », « bien faire », d’avoir un rapport durable à l’alimentation, à soi, aux autres, se mêlent nos croyances personnelles et celles diffusées par l’environnement dans lequel on évolue.

Alors quelle articulation proposerais-tu, afin d’œuvrer pour une santé humaine et planétaire,
entre nos filtres inévitablement subjectifs et les croyances extérieures intériorisées ?
(vous êtes toujours là?..🤔)

Je suis fascinée par le cerveau humain, et notamment l’apprentissage, la construction de nos pensées, de notre réflexion.
Très peu de choses sont innées.
Nous répétons ce que nous avons appris de nos parents, éducateurs, proches. De lectures, de vidéos, de podcasts, de conversations lambdas dans la rue.

Notre cerveau a besoin de croire certaines choses pour palier à un monde incertain et pour nourrir ce besoin de sécurité extrêmement fort que nous avons tous·tes.

Aussi, ce dernier part toujours en quête de preuves de ce qu’il croit être vrai.
Et c’est pourquoi, je vais rapidement me retrouver à fréquenter le même genre de personnes, à vivre le même style de relations, à avoir des expériences similaires
même si tout ceci ne m’est pas des plus bénéfiques.

Si c’est familier, notre cerveau aime. Nous pouvons ainsi passer notre vie à perpétuer les croyances d’autres personnes.

Nous le faisons avec les idées sexistes, grossophobes et racistes qui ont crée de toute pièce les critères de beauté actuels (ces derniers trouvent en grande partie leurs origines dans l’esclavage aux Etats-Unis ainsi que, bien sûr, dans l’objectification de la femme depuis la nuit des temps, ou presque).

Pour savoir ce qui m’appartient des pensées que j’ai héritées, je m’interroge régulièrement sur pourquoi je crois ce que je crois, sur mes valeurs profondes, sur la personne que je veux être sur cette Terre.
Je laisse également mon corps parler et je tends l’oreille. Je fais davantage de place à ma petite voix intérieure, celle de l’intuition, qui sait…

« J’ai cheminé à mon rythme, dans l’ouverture et la tolérance » … (entretien)

-Ton cheminement dans ton rapport à l’alimentation, à soi, aux autres, a toujours été public. 
Et donc sujet à questionner ce qu’on donne à voir quand on a de la visibilité

N’est-ce pas un tiraillement? 

La visibilité sur le sujet du rapport intime au monde, à l’alimentation n’entretient-elle pas cette approche que tu regrettes? Celle, partielle et binaire, qui alimente la multiplication des recommandations ou injonctionsbrouille les repères de ce qui est « bien », de ses convictions et engagements intimes?

…Et aboutit donc paradoxalement à une perte de sens et un rapport peu durable à l’alimentation?

(là je sens, je vous ai perdu.e.s. Vous avez le droit de vous resservir une tasse de thé)

C’est un excellent point que tu fais là. Et pour tout te dire, je n’avais pas réfléchi à mon cheminement sous cet angle-là exactement. Aussi, tu me donnes matière à réfléchir et je t’en remercie.

Ce que je peux te dire en lien avec cette question c’est que les réseaux sociaux, pour ne citer qu’eux, peuvent rapidement devenir une injonction à la perfection, la cohérence, l’esthétique, l’artificiel.
Au détriment du vrai, de l’authentique, du sincère.

Qui, soyons honnêtes, fait moins vendre qu’un plat/un corps lissés, décorés, éclairés et mis en scène sans qu’aucune éclaboussure n’apparaisse. L’oeil est naturellement attiré par ce qu’il croit être « parfait ». Et ce « parfait », c’est ce qu’on nous donne à voir depuis des décennies maintenant – car oui, nous sommes conditionnés, dans bien des domaines.

Comme je dis souvent, la seule détox que je recommande est celle qui est visuelle. Se désabonner des comptes (magazines et autres images également) qui ne nous nourrissent pas, qui nous incitent à la comparaison, qui nous plombent le moral… pour suivre des personnes de toutes origines, toutes tailles, tous horizons. 

🍀

-Ainsi, selon toi, comment trouver
la sécurité (bonne santé physique et mentale, préservation de notre Planète)
et la liberté dans son rapport à l’alimentation comme porte ouverte sur soi et ce(ix) qui nous entoure(nt)?

Pour moi, la sécurité et la liberté viennent de ce qu’on cultive.

C’est en ça que le coaching m’a aidée (et continue de le faire) :

cette approche, du moins de la manière dont je la pratique, vise à mettre au clair ce que l’on croit, ce que l’on ressent pour faire des choix de manière consciente. Elle apporte des outils pour mieux vivre ses émotions et les phrases qui tournent en boucle dans nos têtes, pour se connaître davantage et se permettre d’évoluer en lien avec ses aspirations réelles.

Comprendre comment on fonctionne et pourquoi on a peur d’une barquette de frites (ce qui a longtemps été mon cas), c’est déjà une grande partie du boulot. Nourrir une relation solide avec soi-même a pour point de départ l’acceptation de mon humanité, avec toutes ses ambiguïtés. Quand je peux le faire pour moi, alors, seulement, je peux le déployer aux autres. Si l’écart se creuse aujourd’hui entre les un·e·s et les autres, c’est, en partie il me semble, à cause des jugements que l’on s’afflige à longueur de journée. Quand on parvient à se détacher de cet auto-harcèlement constant, on peut étendre sa compassion, son ouverture et sa bienveillance au monde. 

Alice Greetham
Coach bien-être et auteure 
Vert ma Vie 
Au Vert avec Lili

Mais alors, qu’est-ce qui te distingue des autres coachs bien-être qui fleurissent partout pour le meilleur et pour le pire ? Pour toi aussi le bien-être et le rapport au monde à travers le rapport à soi/à l’alimentation est un business ?

Super question, merci de me la poser ! 🙂

Déjà, je suis certifiée. J’ai fait des études. Pour apprendre à accompagner, à déceler ce qui pose problème chez une personne, à utiliser des outils qui peuvent véritablement aider l’autre, à mieux comprendre les TCA et l’alimentation troublée.

Je continue également de me former.

Actuellement à l’alimentation intuitive et au coaching féministe. Je ne me suis pas inventée coach. Et je continue à perfectionner ma pratique. C’est très important pour moi.

Par ailleurs,  je me suis formée au coaching causal et je m’intéresse de près à la PNL.

C’est-à-dire que je ne donne pas de conseils. Je ne sais pas ce qu’une personne doit faire. J’écoute, je reformule, je pose des questions. Beaucoup de questions.

Ensemble, on trouve des réponses. Je propose de nombreux outils, à tester, puis à prendre ou à laisser, en fonction des sensibilités.

Je pense que les entreprises dans les secteurs du bien-être ont leur place.
Encore une fois, tout dépend de la façon dont c’est fait.
Mes enseignants sont américains pour la plupart. Là-bas, l’entreprenariat est bien plus décomplexé qu’en France. Payer pour avoir accès à un service est bien plus répandu que chez nous où il faut justifier de facturer son temps et son expertise, ou bien justifier d’avoir besoin d’une aide extérieure.

Bien sûr qu’on peut cheminer seul·e.

Mais parfois, c’est dur.

Parce qu’on ne sait pas comment, parce qu’on ne croit pas en soi, parce qu’on n’a pas les outils, parce qu’on veut se fixer des rendez-vous pour avancer. Dans ce cas, faire appel à quelqu’un (coach, psy, thérapeute qualifié…) peut vraiment être bénéfique. Si je suis adapte du coaching, c’est que je suis cliente du coaching. Et je sais que grâce à ça, j’ai fait des bonds très prononcés en avant. Alors que toute seule, cela aurait été plus lent, plus fastidieux.

Image tirée de mon article sur le Syndrome du pipi sous la douche, ou la vacuité des notions de Bien et de Mal, de bon et de mauvais comportements.

-Pour finir, pourrais-tu nous partager les ressources qui t’ont aidée à chaque étape de ton cheminement? 🙂

Je lis beaucoup en anglais, pour ne pas dire quasi-exclusivement. 

Mais j’ai quelques lectures en français (originales ou traduites) que je recommande vivement :
« Anti-régime » de Christy Harrison,
« Rien à foutre des régimes ! » de Caroline Dooner, 
« La Connexion Cerveau-Intestin » du Dr Emeran Meyer, ainsi que
« L’Alimentation intuitive » d’Alicia Sicardi.

Et enfin « Les femmes, la nourriture et Dieu » de Geneen Roth qui pour moi est une vraie pépite.

MERCI Alice !

Pancakes SAINplissimes vegan & sans gluten….et réflexions sur la diabolisation et l’éviction de ce qu’on nous montre comme «mauvais».

La cristallisation de nos doutes sur un bouc émissaire plus ou moins légitime, portée par le besoin de trouver un responsable à nos maux, aboutit à la diabolisation parfois précipitée de concepts, personnes, ou, comme ici, aliments. Je me permets cette prise de recul car je pense avoir déduit que je n’étais pas intolérante au gluten ; loin de moi l’idée de décrédibiliser les intestins légitimement fragiles et souffrant de cette intolérance ; je veux plutôt me défaire de cette ardeur qui, en ce qui me concerne, ne fait qu’entretenir une vision binaire et dangereusement simpliste de notre environnement, entre « Bien » et « Mal ».

Perméable aux avertissements et recommandations de santé, j’ai moi aussi été emportée dans cette vague de diabolisation du gluten, impliquant de soucieuses remises en question de mon alimentation. Mais, afin de ne pas alimenter une cristallisation binaire qui n’entretient que la culpabilité ; et surtout en vue de m’écarter de toute utilisation marketing, car rien ne m’insupporte plus que la récupération d’un problème public, d’une souffrance, pour une cause légitime quand on est un entrepreneur habile, mais tellement peu honorable ; je tente de faire un pas de côté et de cesser de me questionner et surtout me culpabiliser, en privilégiant la qualité et surtout la diversité….(article)


11 réflexions sur “« Bien dans mon corps, ma tête et mon assiette » : entretien avec Alice Greetham. Alimentation pour une santé humaine et planétaire : entre sécurité et liberté, ouverture bonjour, cheminer toujours…

  1. Merci beaucoup à Alice et à toi d’avoir pris le temps de cette longue interview « sans filtre », qui permet de réfléchir à ses propres actions et de pouvoir cheminer dans ses propres choix, en questionnant ce qui nous est propre des injonctions extérieures.

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