Cookies vegan pour impromptu de Pâques écolo et chocolat éthique

La forêt brûle mais nous regardons où sont cachés les oeufs de Pâques

Devant l’indécence de la profusion de chocolats agro-industriel dans les magasins à l’approche de Pâques, j’ai souhaité partager les recherches que j’avais faites il y a 2-3 ans pour une animation dans une association environnementale.

Je le fais à chaud, tout comme la vitesse à laquelle j’ai regardé les prix des chocolats éthiques en grande surface et en magasin bio, et ils sont tout à fait accessibles quand on remet cette consommation à sa place : un produit omniprésent dont on oublie la valeur.

certes. mais pas au détriment des humains et de la Planète

Encore une fois, il n’est pas question ici de moralisme de la part d’une personne qui se croirait exemplaire -je crois d’ailleurs qu’on m’avait conseillé de modérer mon propos avant l’intervention pour qu’il soit instructif et non culpabilisant ou extrême 🤔moi aussi j’ai fêté Pâques avec des K***er et mangé pleins de barres chocolatées « avant »

Donner des leçons n’est pas l’idée de ce blog d’une part, et d’autre part si j’ai vu ce débordement de chocolats industriels c’est que j’étais dans un supermarché.

Si avant je les « boycottais », ce n’est plus le cas aujourd’hui, où je trouve certains produits que j’utilise pour des raisons pratiques/de goût depuis quelques mois. Et il se trouve qu’après plusieurs années à « buycotter » le chocolat agro-industriel, j’ai goûté par hasard à l’un d’entre eux qui me satisfait énormément, et mes valeurs en prennent un coup. Mais je soutiens aussi les marques éthiques dont on va parler ; et dernièrement j’ai « investi » dans un assortiment d’un chocolatier local connu pour proposer avec savoir-faire et minutie de délicieux chocolats et quelle déception !!

Tout comme les chocolats éthiques, ledit chocolat agro-industriel est bien plus satisfaisant, quel comble! Donc j’alterne entre les deux et je glisserai le chocolat artisan dans mes porridges^^

Peu importe mon cas particulier, il est plus pertinent de s’intéresser à la situation globale pour avoir conscience de l’impact -d’un produit très difficile à tracer- sur les Humains et la Planète. En tout cas la situation tirée de mes recherches d’il y a deux ans.

« P’tit goodie en librairie !^^ »

Je n’ai pas vérifié ce qui a changé depuis, j’espère que les travailleurs, travailleuses, consommateurs, consommatrices et l’environnement sont mieux respectés. Des accords de durabilité ont été promis, seront-ils respectés… N’hésitez pas à me corriger si des choses ont changé depuis !

Je cite toujours au maximum mes sources (en bas) , j’espère n’en avoir oublié aucune !

J’entrecoupe mon bla-bla de douceurs au chocolat, ce qui n’est pas une incitation à en surconsommer 😉

🍫🍫

Derrière nos tablettes devenues quotidiennes :
un produit dont le prix devenu abordable 
nous a fait oublier la préciosité de cette denrée 
au risque que le Vivant paie le prix de sa démocratisation

Chocolat et avocat,deux denrées démocratisées, dont on oublie(rait) la valeur et les coûts cachés

🍫Originaire d’Amérique Latine, le cacao a été introduit en Europe au 15ème siècle. La hausse de la demande a entrainé celle des cultures et de leur étendues (en Amérique Latine et en Asie, mais surtout en Afrique). En effet, la demande mondiale se chiffre en millions de tonnes par an, une consommation qui double tous les dix ans !

70 % de la production a lieu en Afrique de l’Ouest, où des centaines de milliers de petits producteurs cultivent les fèves, souvent dans des conditions d’exploitation de l’Homme et de la Nature. Le cacao étant un microcosme de l’économie, où la croissance est basée sur l’exploitation des ressources

L’accessibilité des tablettes de chocolat en supermarché cache une chaîne d’intermédiaires, dont le  nombre d’étapes est inversement proportionnel au prix.

➡️Derrière nos tablettes : une fève (très) transformée

Culture et récolte des fèves dans les plantations : une exploitation plurielle

L’EXPLOITATION DE LA NATURE

 L’agriculture (dont le cacao) est la première cause de la déforestation  au Ghana et en Côte-d’Ivoire, 

Un rapport de l’ONG Mighty Earth en Septembre 2017 « démontre à quel point la filière chocolat dépend de la production dans des parcs nationaux protégés, qui sont les premières victimes de  la déforestation croissante,  du fait des plantations illégales (30-40 % du cacao ivoirien provient de plantations illégales dans des aires déforestées). Le laxisme des autorités, ou la pression de la demande internationale font craindre qu’« au rythme actuel , il n’y ait plus de forêt ivoirienne en 2030 ». Une dévastation environnementale connue des Mars, Nestlé et autres Hershey, mais que la multiplication des intermédiaires aide à fermer les yeux. 

A la source de cette chaîne de production, se trouve le fermier qui cultive des fèves de cacao. Elles peuvent provenir de zones de non-droit, et être mélangées à d’autres, ainsi leur origine illégale est flouée

📺Le documentaire La face cachée du cacao  montrait ainsi l’envers du décor de certaines tablettes industrielles, par exemple dans la forêt classée du Goin-Débé en Côte d’Ivoire.

Tout comme les plantations, les campements y étaient illégaux et le travail clandestins, dont celui d’enfants vendus. ➡️Les premières années de labeur, les récoltants sont nourris mais pas payés, puis les patrons peuvent leur donner une petite parcelle pour que se perpétue le cycle. 

Mineurs ou non, les cultivateurs sont exposés aux herbicides qu’ils pulvérisent sans protection. 

Très précarisés par l’absence de revenu de subsistance et sous pression, ils tuent en effet la végétation (abattis-brûlis ; glyphosate) pour planter des cacaoyers, dont la monoculture traitée détruit la fertilité du sol en quelques années. Ce qui les oblige à abandonner ces forêts-squelettes pour en exploiter d’autres. En 25 ans, 90 % de la forêt ivoirienne a disparu ; un appauvrissement des sols par la déforestation croissante, que n’arrange pas le manque de pluies.

 

EXPLOITATION HUMAINE

Pris à la gorge par un modèle qui leur permet tout juste de survivre, et encore moins de se projeter, les producteurs n’ont pas d’autre choix que de chercher une productivité court-termiste, à coups de pesticides, brûlis et de main-d’oeuvre exploitée

La pression de la demande (7.5kg /an en France) semble profitable économiquement, mais n’est pas soutenable humainement et écologiquement. Les industriels cherchent du chocolat disponible, productif, rentable, ce qui contraint les producteurs à détruire la ressource sur  laquelle ils reposent ; et (im)pose évidemment la question du revenu de survie. 

La surproduction a entrainé une chute du prix de la tonne de cacao, un prix du marché que ne connaissent pas les cultivateurs.

Se comptant par millions, ils restent dépendants des industriels -dont 5 détiennent 50 % du marché- face auxquels ils n’ont pas de pouvoir de négociation.

Si 44 % du prix d’une tablette de supermarché revient au revendeur au détail, le producteur ne touche qu’entre 3.5 % et 6.6 %. Selon Oxfam, les paysans d’Afrique de l’Ouest victimes du Chocolonialisme ne touchent qu’1/3 d’un revenu vital (permettant l’accès au logement, à l’éducation des enfants, aux soins, à l’épargne).

Un revenu en-dessous du seuil de pauvreté qui non seulement ne lui permet pas de s’émanciper ou de scolariser ses enfants ; mais mobilise ces derniers  pour l’aider au lieu d’aller à l’école.

En effet, sans prix minimum du chocolat et ne touchant que 6 % du bénéfice d’une tablette de supermarché, les familles ne peuvent subvenir à leurs besoins et comptent sur leurs enfants pour ramasser et porter, dès 8 ans, les kilos de fèves qu’ils extraient à la machette. 

Cette économie qui privilégie le profit à l’humain peut donner lieu à des trafics d’enfants, par lesquels les propriétaires des plantations paient les trafiquants pour qu’ils fassent passer la frontière aux enfants, qui seront ensuite vendus dans les plantations, dans des conditions d’esclavage.

Exploitation de l’Humain et de la Nature contre lequel l’industrie s’engage chroniquement à lutter, par des paroles qui peinent à se concrétiser en actes. La responsabilité est savamment diluée (et partagée!) entre politiques, institutions, industriels et consommateurs.

Or du fait du manque criant de traçabilité dans la filière, les fèves issues de pratiques illégales et inhumaines peuvent se retrouver mêlées à d’autres et intégrer le circuit commercial…d’entreprises comme Nestlé, Lindt, Ferrero, Mars….voire d’acheteurs qui affichent le label Fair Trade !

🍫🍫

comme le sucre, moins mais mieux?


Vers quelles alternatives se tourner ? 

Peut-on se fier au COMMERCE ÉQUITABLE ?

« L’article 94 de la loi relative à l’économie sociale et solidaire précise les critères permettant de parler de commerce équitable : un engagement d’au moins trois ans entre le producteur et l’acheteur, un prix rémunérateur pour les travailleurs et un « montant supplémentaire obligatoire » versé par l’acheteur destiné à des projets collectifs (sociaux, économiques, écologiques…). De plus, les entreprises du secteur s’engagent à une traçabilité claire ainsi qu’à mener des actions d’éducation et de sensibilisation auprès des consommateurs. »  

➡️La philosophie du commerce équitable est d’assurer un revenu décent aux paysans pour répondre à leurs besoins vitaux et familiaux, développer leurs projets et accompagner la transition vers des modes de production plus respectueux de l’environnement. 

En 1964, le slogan « Trade not aid » popularise les relations Nord-Sud plus équitables.  Leader du commerce équitable, Max Havelaar est créé en 1988 aux Pays-Bas. Le tournant des années 2000 voit la mutation de cet acte de résistance au capitalisme, avec des débats entre projet politique et adaptations économiques

coco & chocolat : sobriété,éthique et durabilité

De commerce équitable à commerce de l’équitable

La marchandisation de produits équitables a pris la place de la « défense d’un modèle exigeant plus de contenu social et environnemental tout au long des filières ». La question de la répartition des richesses se pose d’autant plus avec  l’entrée de Max Havelaar en grande distribution, qui pratique une politique de moins-disant social et une pression sur les prix. 

Par secteur, 3-4 firmes contrôlent 80 % de l’offre en hypermarché, où les consommateurs paient le surcoût de l’équitable, SANS pour autant que les paysans sortent de la misère. D’autant que ces derniers doivent payer un droit d’entrée au référencement équitable. Aux grands acteurs de la grande distribution répondent les grands volumes et la pression sur les prix. 

  

➡️Dans le commerce équitable, on distingue l’approche produit et l’approche organisation/filière

Au-delà du seul marketing, l’approche organisation garantit une démarche entière : tout le long de la filière et sur les plans économique, social, environnemental.
La base d’une rémunération juste (au-dessus du prix du marché) et durable est assortie d’engagements pour l’émancipation et des pratiques plus durables. Les entreprises s’engagent à verser un revenu plus important pour que les paysans subviennent à leurs besoins et développent leurs projets ; mais aussi à verser une partie des bénéfices pour permettre la transition vers des méthodes de culture moins polluantes, et accompagner l’émancipation des populations locales (scolarisation, émancipation des femmes).

condamnés à recycler les restes de chocolat pour Pâques ?

KIKONCROIT et KOIKONMANGE alors ?!

Plus qu’à des labels d’affichage, il faut surtout se fier à son esprit critique, sa modération ; et soutenir des démarches responsables sur l’ensemble de la filière, comme : 

– L’accompagnement local à la transition et à des pratiques agro-écologiques (arrêter de scier la branche sur laquelle on est assis en préservant la biodiversité et la fertilité des sols. En poussant au milieu d’autres espèces, les cacaoyers vivent plus longtemps et les paysans diversifient leurs sources de revenus sur une même petite parcelle)

SYMBOLE DES PRODUCTEURS PAYSANS 

Ce réseau intercontinental d’organisations de petits producteurs écologiques propose une certification indépendante. 

>Economie Locale

-Un prix supérieur au prix du marché, base du commerce équitable

– Une initiative 100 % dirigée par les producteurs eux-mêmes

-Une relation de solidarité producteurs-entreprises-consommateurs

->Sécurité alimentaire

->Des engagements pour les femmes : « Woment of SPP in action » (revenu, autonomisation, égalité h-f, women & environnement)

->Protection de l’environnement

-Des pratiques bio, équitables, agro-écologiques (substituer les mécanismes écologiques naturels aux intrants chimiques et ressources fossiles systématiques ; diversité biologiques ; respect des processus naturels)

Quelles marques achètent des produits certifiés dans le cadre du SPP ? (je n’ai aucun intérêt personnel ou financier à citer des marques, je partage juste le fruit de mes recherches (et ces marques proposent des chocolats qui respectent mieux les droits humains et environnementaux et bons au goût)

(cf sites) : Ethiquable, Terra Etica ; Biocoop

ECOCERT (certificateur de pratiques durables) EQUITABLE // Fair for life, s’engage sur :

-Un prix minimum garanti, supérieur au marché 

-Des pratiques agricoles respectueuses de l’ environnement , accompagnement de la transition vers l’agriculture biodiversité

-Le renforcement de l’autonomie des producteurs 

Les engagements du commerce équitable selon le programme  « Fair For Life »

  • Garantir que les producteurs et les salariés, quel que soit le niveau de développement économique de leur pays, obtiennent une rémunération juste. Ils bénéficient de conditions de travail dignes, dans un environnement durable. 
  • Permettre le suivi des projets de commerce équitable, afin d’améliorer leur impact sur le long terme pour le développement socio-économique des petits producteurs
  • Aider les entreprises à développer des partenariats sur le long terme, en accord avec les principes du commerce équitable. 
  • Encourager les organisations et les entreprises à adopter une approche cohérente et pragmatique vis-à-vis de la responsabilité et du progrès social et environnemental. 
  • Encourager les organisations et les entreprises à communiquer de manière claire et transparente, et à garantir une traçabilité physique complète, de l’origine du produit jusqu’au consommateur. 
  • Permettre qu’une grande diversité de produits équitables puisse être proposée aux consommateurs ; les rendre conscients de leur influence en tant que consommateurs responsables, et influencer positivement leurs décisions d’achat. 

Les entreprises (voir site Fair for life et notation selon engagements) 

Ecoidées


La SCOP Ethiquable (miam!), commerce équitable

AlterEco (miam!)

La chocolaterie française Kaoka (qui propose de très bons chocolats) est le principal client de la Coopérative de Production et d’Exportation de Cacao Biologique (Certification Fair for Life – Social & Fair Trade). Elle est certifiée Biopartenaire (« label de référence d’une bio vraiment équitable ») de et Ecocert.

La CECAB est une organisation paysanne de Sao Tomé. Elle est régulièrement certifiée bio et labellisée équitable par ECOCERT depuis 2001.

Grain de Sail, de très bons chocolat avec un engagement social (rapport qualité-prix, fabrication locale par des travailleurs en situation de handicap) et environnemental (protection de la biodiversité et transport par cargo-voilier)

Bon à savoir : 

– Pour répondre aux besoins de cacao « disponible, productif, rentable », la quasi-totalité des chocolats industriels est réalisée à partir de fèves Forastero, des variété hybrides au goût fort, astringent, d’où le besoin de sucre blanc dans les premiers ingrédients.

Les chocolatiers artisanaux privilégient les fèves Criollo, plus délicates.

Mais attention, « chocolat artisanal » peut être utilisé abusivement car seul l’appellation « Maitre artisan chocolatier » est règlementée.

– Affiliation à Monsanto : Lindt, Poulain, Côte-d’Or, Milka, Toblerone, Suchard

SOURCES

– Documentaires  « La face cachée du cacao »/  « Les enfants pris au piège »(travail des enfants dans certaines plantations de Côte d’Ivoire.)

-Article « Comment être sûr d’acheter du chocolat équitable? » de Lucie De La Héronnière publié sur L’Express.fr le 26/01/2019

-« Le chocolat : l’envers du décor », article de Amandine Claude paru le 19 /09/2019 sur lesradins.com

Mois sans chocolat sur les réseaux sociaux

– « Comment j’ai ravagé la Côte d’Ivoire à coups de tablettes de chocolat », paru dans la revue Silence en 2011

– « Max Havelaar ou les ambiguïtés du commerce équitable » article de Christian Jacquiau  paru dans Le Monde Diplomatique de Septembre 2007

– « Côte d’Ivoire : le chocolat, ennemi numéro un des forêts » de Sébastian Seibt pour France 24 le 14/09/2019

-Sites des labels/certifications

Paru depuis sur Reporterre : « Chocolat : le guide pour acheter éthique et écolo » (on reconnait les vrais rédacteurs à leur capacité de synthèse et de contenus informatifs mais concis 😉)

Paru depuis :

Cacao : à qui profite le chocolat ? – Le dessous des cartes

Côte d’Ivoire : une autre façon de sonder les cacaoculteurs donne d’autres résultats sur le travail des enfants

Et sûrement plein d’autres, mais je pense que les infos sont déjà assez denses 😉

Allez, la recette des cookies équitables pour digérer tout ça (recette parue ici) :

🍪Pour 100gr de farine (tous les ingrédient sont bio, voire équitables) :

mélanger avec 35 à 40gr de sucre complet (+/- selon les goûts et le chocolat utilisé, ici le chocolat vegan « croquant amandes » Artisans du Monde) 

1cc de bicarbonate de soude alimentaire

1 petite cc de vanille

Ajouter 30gr d’huile de coco*, 1cc de vinaigre de cidre et 2Cs d’eau (ou de lait végétal)

Bien mélanger, puis terminer avec environ 40gr de chocolat en pépites

Mélanger pour obtenir une texture sablée,

Puis placer au frais au moins 1 heure, avant de former les boules et d’enfourner environ 12 minutes

Pour de délicieux biscuits sans chocolat c’est ici